Dis Monsieur, dessine-moi
une entreprise…

Par Jean-Philippe Mocci – 19 février 2013

Alors que les comptables des TPE et PME s’arrachent nerveusement leurs derniers cheveux à la lecture de la circulaire de mise en application du fameux Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi tant de complications alors que les entreprises ont besoin de circuits courts et lisibles pour se projeter et donc se développer. Adieu le choc de compétitivité, sortez les calculettes. Dommage pour une mesure qui va dans un sens favorable à la croissance mais dont l’aspect usine à gaz donne à penser que, hormis quelques effets d’annonce politique, il ne redorera guère l’image du politique chez les entrepreneurs. Faire quelque-chose de bien tout en le rendant aussi compliqué en atténue forcément la portée en termes d’image.

L’affaire ne s’arrange pas quand on apprend en sus que les TPE et PME qui souhaitent bénéficier de leur crédit d’impôt dès 2013 (et non pas en 2014 comme prévu par le projet) devront solliciter les banques pour l’obtenir, moyennant paiement d’un intérêt… Le problème avec ce système, c’est qu’il oublie que « La crise, c’est maintenant », avec une croissance nulle en 2012, espérée à peine mieux en 2013.

Alors, pourquoi tant d’incompréhension ? La réponse ne réside-t-elle pas dans un constat fort simple : peu ou pas de nos politiques et grands fonctionnaires qui nourrissent leurs projets n’ont de connaissance ni d’expérience de l’entreprise… Certains auront bien effectué un stage à un moment ou un autre de leur brillant parcours, condition nécessaire à leur cursus mais pas suffisante pour leur donner une quelconque compétence dans le domaine. La plupart auront dans leur entourage quelques énarques ou polytechniciens à la tête de grands groupes : une approche pour le moins biaisée de l’entreprise.

Il serait peut-être temps que nos politiques et hauts fonctionnaires de tous bords, appelés à prendre des décisions qui engagent l’avenir de l’économie du pays, aient une vision réelle de ce qu’est une entreprise. Quelques décennies d’incompétence en la matière nous ont coûté fort cher. Pour y parvenir, un seul moyen, une quasi évidence : leur passage obligatoire, répété et de longue durée, par la case immersion en entreprise, à tous les niveaux hiérarchiques et de compétence. Un peu de réalisme dans un monde qui n’attend pas notre brillant avis pour changer, ce n’est plus une bonne idée, mais une nécessité.